Agnès Firmin Le Bodo « Les pharmaciens ont pleinement démontré lors de cette pandémie qu’ils sont des acteurs de santé incontournables. »

Députée Agir de la 7e circonscription de Seine-Maritime et membre de la commission des Affaires sociales, pharmacienne de profession, Agnès Firmin Le Bodo continue à exercer en officine au Havre en plus de son travail parlementaire. Elle nous livre son retour de terrain sur le rôle des pharmaciens dans la crise actuelle.

Les pharmaciens – notamment du circuit de ville – apportent leur proximité et leur expertise au quotidien dans la lutte contre la Covid-19. Quel regard portez-vous sur les nouvelles missions confiées à la profession ?

Les pharmaciens sont clairement en première ligne depuis le début de la crise sanitaire…

Comme tout le monde, nous nous sommes adaptés, à commencer par la gestion des pénuries de masques ! Cela a aussi généré une solidarité inter mais aussi intra-professionnelle inédite et fructueuse.

À titre personnel, je ne suis pas pour le glissement des tâches : notre mission première consiste à délivrer des ordonnances que nous devons avoir le temps d’expliquer. Nos locaux et nos collaborateurs ne sont pas non plus extensibles à l’infini. Mais, ceci étant dit, il était clair que n’allions pas tourner le dos à l’urgence et que nous étions prêts à prendre toute notre part au combat. Le Gouvernement a d’ailleurs très bien saisi l’intérêt et l’importance du maillage de nos officines ainsi que la possibilité de disposer de créneaux du lundi au samedi sans rendez-vous. C’est ainsi que dans toute l’agglomération du Havre, nous avons été pilotes d’une expérimentation de dépistage massif en fin d’année dernière. De mon point de vue, l’objectif de prévention a été atteint et, dans la journée du 22 décembre, j’ai réalisé jusqu’à 67 tests ! Aujourd’hui, nous continuons à tester avec une meilleure compréhension et appréhension de la maladie. Dans ce type de campagnes, qui concernent potentiellement tous les pharmaciens, des organismes comme Carte Blanche Partenaires peuvent accompagner utilement les pouvoirs publics.

Je reste plus réservée sur la vaccination en officine. Elle suppose avant tout de se former. Elle est aussi soumise aux aléas des arrivages de vaccins d’une part, et des réservations fluctuantes d’autre part (certaines personnes en liste d’attente omettent de prévenir qu’elles sont déjà vaccinées par exemple). La souche AstraZeneca est compliquée et exige beaucoup de travail et de pédagogie, ce qui prend du temps… Enfin, la question de la rémunération mérite d’être posée : pour la réalisation d’un même acte, elle est inférieure à celle des médecins.  

Dans un contexte où la souveraineté sanitaire est revenue en force sur le devant de la scène, quel rôle jouent les pharmaciens et quelles contributions peuvent-ils apporter ?

En des temps à l’abri de tout soupçon, soit en janvier 2019, j’avais posé une question écrite à Agnès Buzyn sur le sujet… Il est indéniable que la France a perdu des parts de marché et a régressé, tout comme l’Europe, en termes de production et de fabrication des principes actifs. C’est un enjeu majeur dont la crise a souligné la criticité. Pour autant les pharmaciens ne peuvent pas intervenir directement, ce sont essentiellement des donneurs d’alerte car, ensuite, ce sont les patients qui en subissent les conséquences. En cas de carences, nous n’avons pas de solutions si ce n’est changer les traitements. Ce que nous pouvons faire en revanche c’est participer aux groupes de travail pour anticiper les éventuels problèmes.

De quels atouts disposent les pharmaciens dans l’anticipation/prévention de futures crises à moyen et long terme ?

Je crois que notre agilité a été actée, tout comme notre capacité à faire évoluer les choses en quelques jours.

Une fois la crise réellement et complètement passée, il faudra prendre le temps de se poser pour dresser le bilan : modifier certains travers, conserver les évolutions positives, les inscrire dans des process si besoin.

Masques, gel hydroalcoolique, tests, vaccins, participation aux actions de prévention notamment en collaboration avec le 3919… Les pharmaciens ont pleinement démontré qu’ils sont des acteurs de santé incontournables. Il s’agit maintenant d’entériner cet état de fait.

Ce contenu vous intéresse ? Partagez-le :

Articles similaires

Commencez à saisir votre recherche ci-dessus et pressez Entrée pour rechercher. ESC pour annuler.

Retour en haut