Les Journées nationales de la Macula se tiennent du 24 au 28 juin 2019. Le docteur Bruno Assouly, fondateur de l’IEMP (Institut d’Education Médicale et de Prévention) qui organise les Journées nationales de la Macula 2019, présente pour Ma Santé Mes Soins les principales pathologies de la macula et invite chacun à venir se faire dépister à l’occasion de cette grande manifestation.
Les journées nationales de la macula se tiennent cette semaine. Quel est l’objectif de cette manifestation ?
L’objectif de ses journées, c’est de pouvoir, au niveau de l’ensemble du territoire, proposer aux Français d’accéder à un examen du fond de l’œil et un dépistage des atteintes de 3 pathologies responsables d’une atteinte de la macula (zone de la rétine responsable de la vision des détails): DMLA, maculopathie diabétique et maculopathie myopique.
A l’occasion de ces Journées, nous voulons faire passer le message qu’une personne de plus de 55 ans doit faire impérativement contrôler sa vue chaque année par un spécialiste.
Qui sont les individus invités à se faire dépister ?
Nous visons des personnes qui n’ont pas d’atteinte connue de la macula, c’est-à-dire des personnes qui, a priori, n’ont pas déjà été identifiées comme porteuses de la maladie.
Ces journées ciblent des personnes de plus de 55 ans, qui ne sont pas suivies, ou qui n’ont pas pu bénéficier d’un examen ophtalmo depuis plus d’une année, et / ou qui souffrent de diabète et qui n’ont pas la possibilité d’avoir un suivi ophtalmique régulier ; également des personnes qui souffrent de myopie forte avec une correction supérieure à – 6 dioptries.
On sait que dans certaines régions, il est difficile d’obtenir un rendez-vous avec un ophtalmologue : cela permet à ce public de pouvoir accéder, d’un simple coup de fil, à un rendez-vous avec un ophtalmologue.
Le dépistage permet de déceler, notamment la DMLA. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette pathologie ?
La DMLA est la première cause de malvoyance chez les personnes de plus de 50 ans. C’est une pathologie prégnante dans la population âgée : elle touche un quart des Français de plus de 75 ans et la moitié des plus de 80 ans. Elle se caractérise par une diminution de l’acuité visuelle, une moins bonne perception des contrastes, une déformation des lignes qui paraissent gondolées ou ondulées, l’apparition d’une tâche sombre centrale, plus ou moins foncée au centre du champ visuel. Ce sont des signes d’alerte que doivent amener à consulter en urgence.
On constate deux formes :
– une forme précoce : la maculopathie liée à l’âge (MLA) avec des signes précurseurs qui peuvent être observés par l’ophtalmologiste lors du fond d’œil : au stade de la MLA, les symptômes sont en effet souvent absents ou se limitent à une petite gêne visuelle, un besoin de meilleur éclairage, ou une légère perte d’acuité visuelle. Cette MLA peut rester stable et ou évoluer vers une DMLA.
– En cas d’évolution, on passe à la DMLA, avec 2 formes :
La DMLA sèche ou atrophique d’évolution lente (une dizaine d’années voire plus). Les patients conservent donc assez souvent une vision relativement satisfaisante ;
La DMLA humide qui évolue plus rapidement et se caractérise par le développement de vaisseaux anormaux dans la macula ; ces vaisseaux sont fragiles et peuvent être responsables d’œdème ou d’hémorragie.
Les facteurs de risque sont assez nombreux : l’âge, le sexe – les femmes sont plus souvent atteintes – le tabagisme, la surcharge pondérale, les antécédents familiaux. On pense également qu’une alimentation équilibrée, riche en légumes verts, fruits frais et poissons gras jouerait un rôle protecteur dans le cadre de cette atteinte.
Les personnes diabétiques sont également concernées par ce dépistage. Pourquoi ?
En France, il y a 3,5 millions de patients diabétiques, c’est une population très importante qui est visée par ce dépistage. On considère qu’environ un tiers des patients souffrant de diabète depuis plus de 20 ans – qu’il soit de type 1 ou 2 – peuvent souffrir d’une maculopathie diabétique.
Cette pathologie est la principale cause de malvoyance chez les patients diabétiques : c’est une complication fréquente du diabète. Cette atteinte de la macula entraîne un trouble de la vision avec une vision périphérique conservée mais une vision centrale atteinte, rendant certaines tâches du quotidien extrêmement difficiles à exécuter, lire par exemple.
Parmi les facteurs de risque, on compte l’ancienneté du diabète ou la présence d’une rétinopathie diabétique : cette atteinte de la rétine périphérique favorise le risque de maculopathie. Également l’hyperglycémie chronique avec une concentration de sucre trop élevé dans le sang, l’hypertension artérielle, le sexe (les femmes sont plus exposées), les patients traités par insuline.
Au niveau des symptômes, le sujet diabétique ne ressent pas de douleurs ni de signes particuliers au début de la maladie : les diabétiques peuvent être atteints de maculopathie diabétique sans ressentir la moindre gêne visuelle. Avec le temps, les troubles peuvent apparaître : baisse de l’acuité visuelle, gêne à la lecture, présence d’une tache centrale, perte de sensibilité aux contrastes, aux détails.
On considère que les patients souffrant d’un diabète de type 1 doivent être soumis à un bilan ophtalmologique complet dans les 3 à 5 ans suivant l’apparition du diabète.
En cas de diabète de type 2, le patient fait en général un bilan ophtalmo complet dès que le diagnostic est posé.
Le dépistage permet également de détecter une maculopathie myopique. De quoi s’agit-il ?
La maculopathie myopique touche les myopes forts : leur globe oculaire est plus long que la normale. Cette pathologie touche des patients jeunes, en général en pleine activité professionnelle. Environ 2 % de la population souffre de myopie forte en France (-6 dioptries) et 0,5 % souffre de myopie très forte (plus de -10 dioptries de correction optique). Ces patients sont en général bien suivis et bien sensibilisés.
Elle se manifeste par une baisse de la vision de près, des lignes droites qui ondulent, des contrastes plus faibles… Les yeux du myope étant très étirés, leur rétine déformée, des déchirures peuvent survenir induisant des hémorragies.
Plus la myopie est forte plus, plus le risque de maculopathie est élevé. Les prédispositions génétiques et l’environnement, notamment le travail sur écran, peuvent être des facteurs aggravants.
Cette année, la campagne est axée autour de la simplicité du dépistage : « Le dépistage, c’est rapide, simple et indolore ».
Le dépistage peut sauver la vue ! C’est un des principaux messages que nous souhaitions faire passer. Se faire dépister n’est jamais une partie de plaisir, il est normal d’avoir des appréhensions, des freins existent : la peur de l’inconnu, le stress, la crainte du verdict, de devoir être soigné… On peut aussi penser qu’à partir d’un certain âge, il est normal de mal voir ; à tort, les personnes se disent qu’il n’est pas utile de se faire dépister. On peut être dans une sorte de déni.
On ignore aussi tout de l’examen : est-ce que ça dure longtemps, est-ce que ça va me faire mal, comment ça va se passer ?
Notre objectif est d’informer. Quelqu’un de bien informé aura moins d’angoisses. L’objectif du dépistage est de détecter des signes infra cliniques, qui n’ont pas encore conduit à une baisse de la vision. Il faut se faire dépister le plus tôt possible. Dès que les premiers signes apparaissent, il faut agir très rapidement, dans les 5 à 7 jours après le diagnostic. Les problématiques sont telles que les dégâts sont parfois non rattrapables.

Comment se passe l’examen de dépistage ?
Le patient reçoit, lors de son arrivée, une information sur les modalités de l’examen par son centre de dépistage. Le médecin questionne le patient sur ses éventuels antécédents ; il peut réaliser un test de la grille d’Amsler qui permet de détecter éventuellement des symptômes évocateurs. Ensuite, il pratique un examen du fond d’œil avec ou sans dilatation.
Cet examen n’est pas douloureux, le patient peut simplement ressentir un léger picotement quand on lui instille les gouttes. Lorsque le dépistage est réalisé, le patient se voit remettre, le plus souvent, un document qu’il peut présenter à son ophtalmologue.
Pour plus d’informations sur les Journées de la Macula
Rendez-vous sur http://www.journees-macula.fr/ et trouvez en un clic, le centre le plus proche de chez vous. Certains centres proposent des plages de rendez-vous, d’autres organisent des journées portes ouvertes. Cette semaine, 117 centres hospitaliers et 304 médecins libéraux participent aux Journées nationales de la macula.
Pour plus d’informations sur la maculopathie myopique, rendez-vous sur le site Internet de l’AMAM (Association Maculopathie Myopique) : http://www.amam-myopie.fr
Pour plus d’informations sur la DMLA, rendez-vous sur www.associationdmla.com