Les assistants vocaux, applications, chatbots ont envahi notre quotidien de manière assez naturelle. Aujourd’hui, on demande, avec aisance, à notre assistant vocal d’allumer la lumière ou de diffuser un podcast dans la cuisine. Demain, on pourra lui demander de surveiller son taux de glucose dans le sang ou une arythmie cardiaque.
L’Intelligence Artificielle (IA) est de plus en plus présente et son développement est encouragé par les différentes politiques publiques en matière de santé. En mars 2018, dans son rapport sur l’Intelligence Artificielle, le député Cédric Villani a fait de la santé un secteur stratégique de développement. En érigeant le Health Data Hub au centre du plan Ma Santé 2022, le Ministère des Solidarités et de la Santé compte favoriser la bonne exploitation des données de santé, notamment pour appuyer les professionnels de santé dans leurs missions et accompagner les patients dans leur parcours de santé. Le Gouvernement a, de son côté, engagé un « Grand Défi » sur l’IA médicale avec une dotation de 30 millions d’euros. Objectif avoué : ouvrir le développement de l’IA en Santé.
La santé, premier terrain d’expérimentation
Déjà très présente en imagerie médicale et en dermatologie, l’IA permet, par exemple, de dépister de manière robotisée des cancers de la peau par analyse des grains de beauté. Poser un diagnostic, émettre des recommandations, voire même modéliser en 3D un patient avant une opération chirurgicale sont autant de prouesses techniques et technologiques rendues possibles grâce à l’IA.
Une question se pose : un robot est-il capable, à terme, de remplacer un médecin ? C’est la crainte émise par les professionnels de santé et les patients, tant les progrès sont rapides et impulsés par les pouvoirs publics.
« Transformation » plutôt que « remplacement » ?
Confier des missions de dépistage, d’imagerie médicale, de préparation des soins ou de suivi des patients à l’IA permet de dégager un temps précieux au professionnel de santé. L’IA doit être un appui sur lequel se reposer, par exemple dans le cadre d’un suivi de traitement : le médecin peut savoir, de la manière la plus exacte possible, si son patient suit son traitement et dans quelles conditions.
Si la productivité d’un robot ou de l’IA reste inégalable, elle ne peut être qu’un copilote dans la décision et dans la construction d’un parcours de soins adapté.
Le savoir du médecin, son expertise et son expérience sont une valeur ajoutée précieuse que l’on aura du mal à attribuer à un robot. Il est communément reproché au développement de l’IA de favoriser la destruction d’emplois : cette nouvelle manière de faire doit, au contraire, permettre de transformer le métier de professionnel de santé. Elle ouvre vers une pratique plus pointue, où l’accent est mis sur davantage de prévention et sur l’amélioration des diagnostics. Le gain de temps engendré par l’accompagnement de l’IA doit permettre aux professionnels de santé de se recentrer sur des missions à haute valeur ajoutée.
L’IA : la solution contre les déserts médicaux ?
David Gruson, spécialiste des politiques publiques de santé et fondateur d’Ethik-A (initiative académique qui prône une régulation positive de l’IA en santé), va plus loin. Dans une note intitulée « IA et emploi en santé : quoi de neuf docteur ? » publiée en janvier 2019 par l’Institut Montaigne, le membre de la Chaire Santé de Sciences Po Paris avance que l’IA peut être un remède contre les territoires marqués par une pénurie médicale : « Les technologies d’IA, et plus largement les innovations numériques comme la télémédecine (consultation par vidéo-conférence avec un médecin), pourraient ainsi permettre de lutter contre les déserts médicaux. ».
Dans le cas des maladies chroniques, l’offre de télémédecine permet également de valider des diagnostics émis par l’IA et de proposer des traitements à distance. Une réelle avancée pour des patients qui ne peuvent pas de déplacer ou qui n’ont pas de professionnels de santé à proximité.
Le futur Health Data Hub a récemment lancé un appel à projets pour constituer la plateforme. 10 projets menés par des organismes de recherche, des établissements de santé, des professionnels de santé et des associations de patients, des industriels et des start-ups ont été retenus. Tous les projets intègrent l’IA et portent un caractère innovant en termes d’exploitation des données.
Gageons que le Health Data Hub saura faire naître de nouveaux copilotes au service des professionnels de santé et des patients.
