
Bien qu’elles ne soient pas toujours bien connues, les maladies de la macula sont des causes fréquentes de malvoyance. Ces atteintes sont d’autant plus redoutables qu’elles se développent parfois à bas bruit durant plusieurs années et peuvent, en l’absence de prise en charge adaptée, entraîner une perte de vision définitive.
La macula, un petit bout de rétine, un grand rôle dans la vision
Le terme macula, qui signifie « tache » en latin, désigne une zone de couleur jaune-marron située au centre de la rétine. D’un diamètre de 2 à 5 mm, la macula comprend en son centre la fovéa, petit creux qui permet l’acuité maximale de l’œil, c’est-à-dire celle qui donne la vision des détails la plus précise. La macula joue donc un rôle essentiel dans la précision des gestes et des activités comme la lecture, la couture, la reconnaissance des détails et des visages, la conduite automobile, la fixation du regard, etc. Alors qu’elle ne représente que 2 % de la surface de la rétine, elle transmet 90 % de l’information visuelle au cerveau.
LA DMLA
La dégénérescence maculaire liée à l’âge est la première cause de malvoyance chez les personnes de plus de 50 ans en France. Elle touche une personne sur 4 après 75 ans et une personne sur deux à partir de 80 ans. Au total, un million de patients diagnostiqués seraient concernés par une forme plus ou moins grave de la maladie. Mais la prévalence de la maladie est sans doute bien supérieure à ce chiffre qui ne prend pas en compte les nombreux malades qui s’ignorent en raison de l’absence de symptômes. Il existe trois formes de DMLA.
- La forme précoce, ou maculopathie liée à l’âge (MLA) : à ce stade, les symptômes sont en effet souvent absents ou se limitent à une gêne visuelle ou un besoin d’éclairage plus intense. La perte d’acuité visuelle est généralement minime, voire absente. La MLA peut rester stable ou évoluer vers une DMLA.
- La DMLA atrophique, dite « sèche », qui évolue en général lentement (sur une dizaine d’années, voire plus), permettant aux patients de conserver longtemps une vision relativement satisfaisante, malgré une gêne pour les activités nécessitant la reconnaissance des détails.
- La forme exsudative, dite « humide », qui progresse rapidement et se caractérise par le développement de vaisseaux anormaux dans la macula. Ces vaisseaux sont fragiles et peuvent être responsables d’œdèmes ou d’hémorragies.
La maculopathie diabétique
C’est la principale cause de malvoyance chez les patients diabétiques. Il s’agit d’une complication fréquente du diabète, d’autant plus quand ce dernier est ancien. Elle touche près de 30 % des personnes souffrant de diabète depuis plus de vingt ans.
On distingue deux formes de maculopathie diabétique, aux évolutions différentes :
- la maculopathie œdémateuse, forme la plus courante (aussi appelée « œdème maculaire diabétique ») : elle est caractérisée par un épaississement de la région maculaire, lié à l’accumulation de sang et de liquide dans la macula. Cet épaississement se produit lorsque les vaisseaux sanguins de la rétine s’altèrent. L’œdème qui en résulte brouille la vue et provoque une perte progressive de vision au centre de la rétine, qui peut à la longue évoluer vers une cécité ;
- la maculopathie ischémique, forme plus rare et incurable. Elle se traduit par l’élargissement anormal de la zone avasculaire centrale de la rétine (zone dépourvue de vaisseaux sanguins), qui double au moins de surface. L’irrigation sanguine de la macula devient alors insuffisante, entraînant la perturbation ou l’arrêt de son fonctionnement. La maculopathie ischémique est en général responsable d’une baisse d’acuité visuelle majeure.
La maculopathie myopique
Elle représente une des principales causes de malvoyance, voire de cécité, dans la myopie forte (correction optique de -6 dioptries ou plus). Elle est causée par un étirement de la rétine qui se produit lorsque le globe oculaire de la personne est plus long que la normale. L’apparition de certaines complications peut entraîner une baisse d’acuité visuelle sévère et rapide. Cette pathologie représente un réel enjeu de santé publique car la myopie forte, qui touche déjà 2 % de la population en France, devrait doubler d’ici 30 ans du fait de l’évolution de nos modes de vie (travail écran…). De plus, la maculopathie myopique concerne des patients souvent jeunes (âge moyen de 50 ans), en général en pleine activité professionnelle. Ainsi, les premières complications apparaissent avant 50 ans avec des déchirures de la rétine induisant des hémorragies rétiniennes.
Les autres atteintes de la macula
- Les occlusions veineuses rétiniennes : elles surviennent le plus souvent entre 55 et 65 ans et concerneraient chaque année en France 20 000 personnes. Elles constituent une cause fréquente de perte de la vision. Elles empêchent le sang de s’évacuer normalement hors des vaisseaux de l’œil, ce qui entraîne un ralentissement de la circulation sanguine et une pression élevée dans les veines. Les veines de la rétine finissent par se dilater et des hémorragies apparaissent.
- : il est causé par une traction vitréenne importante du tissu rétinien situé au centre la macula. Il peut se traduire par différents symptômes qui rendent la lecture et les tâches quotidiennes difficiles : vision déformée des lignes droites ou des objets, tache au centre des mots ou des lettres, difficulté à percevoir les reliefs.
La maladie de Stargardt : cette pathologie d’origine génétique entraîne une altération progressive de la macula et apparaît dans la plupart des cas avant l’âge de 20 ans. Elle se traduit par des difficultés à percevoir les détails et une altération de la vision des couleurs rouge-vert.
Cet article a été écrit par le Docteur Bruno Assouly.
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